Avant le débarquement
PLUMETOT
Souvenirs de ses habitants et de ses libérateurs.
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1935 environ- Derrière le bois du Pavillon, un grand mur (de ferme ou de clôture) sert de cible d’entraînement au tir pour des militaires français.
Dernier souvenir de Jean Demonchy, non vérifié.
1938-1939 – L’aérodrome de Mathieu et sa piste d’atterrissage sont construits. Il est peu utilisé, cependant quelques avions atterrissent; des appareils français, canadiens, anglais et américains. En juin 40, les Anglais détruisent sur place des avions en panne qu’ils n’ont pas le temps de réparer avant de rejoindre l’Angleterre.
Livre de Mathieu.
Hiver 39-40– Mme. Mengin est à Plumetot avec ses enfants pendant que son mari est mobilisé au 36è. d’artillerie à Caen. “Ce fut pour nous une expérience car cette maison, étant une résidence d’été, n’avait aucun confort et pas de chauffage! A la guerre comme à la guerre!….à nous les gros édredons et les toilettes à l’eau froide!”
Henry Mengin.
17 juin 40- Elle part avec eux en exode, via Fougères, Saumur, Lussac et la Haute-Vienne pour rejoindre son mari Etienne Mengin, le père d’ Henry, à Cahors, après bien des péripéties.
Extraits des souvenirs d’ Henry Mengin concernant cette période.
1940 – Après l’armistice, les Allemands utilisent la piste d’atterrissage, située un peu plus au nord, sur les terres de M. Hamelin et M. Demonchy qui coupaient alors la route actuelle de Plumetot. (Piste en terre non aménagée.) Ils démolissent le mur d’enceinte du bois du Pavillon pour empierrer et prolonger cette piste jusqu’au bois. Une D.C.A. est installée à Plumetot, les officiers d’aviation sont logés au château. Plusieurs avions allemands, (rescapés de la guerre d’Espagne) s’écrasent au décollage ou à l’atterrissage, ou prennent feu. En 41, un avion lâche une bombe dans la carrière avant de s’écraser près de la ferme Hue; 3 aviateurs sont tués. Le dernier bombardier allemand, un Messerchmitt, décolle, coupe la cime d’un arbre et s’écrase en flammes vers Périers.
Le pilote est tué.
Récit de Jean Demonchy, 20 ans en 44.
Août 40- Etienne Mengin ayant été démobilisé sur place, la famille Mengin revient à Caen et s’installe dans sa maison de la rue des Carmélites. Peu de temps après leur retour, “apprenant que les Allemands occupent la maison de Plumetot, papa décide d’aller voir ce qui s’y passe, et nous y partons tous les deux à vélo. Nous sommes reçus par un capitaine et un dialogue de sourds s’engage, chacun se refusant à laisser deviner qu’il comprend un peu la langue de l’autre. Ils s’expriment donc en Anglais. C’est en pénétrant dans la cuisine que mon père prononce par erreur le mot “küche”. L’officier, le regardant alors, lui dit : “Non monsieur, “küche”, c’est allemand et en anglais, c’est “kitchen” ! vous connaissez un peu notre langue et moi un peu la vôtre”. Et la conversation se poursuit en français. Nous constatons ensuite que la grande table de la salle à manger est installée dehors, entourée d’officiers, et qu’une fois le repas terminé, assiettes et verrerie sont lancées dans une tranchée où elles se retrouvent en morceaux. Tranchée que nous retrouverons lors des travaux de terrassements en 1972, remplie de verres et de vaisselle pilés ! Peu de choses resteront dans cette maison, occupée par les armées successives de 1940 à fin 1944.”
Henry Mengin.
1942- Des Allemands s’installent dans la ferme des Ygouf (actuelle maison des Fresnel, Bout au Cerf). Mme Ygouf y vit seule car son mari, tout comme Louis Marin, a été envoyé en Allemagne au S.T.O. (Service du Travail Obligatoire.) Le capitaine allemand possède 2 chevaux de monte qu’il prête de temps en temps à Henri Marin et Marcel Demonchy qui ont le même âge. Henri est employé chez Mme Ygouf. Cela faillit coûter la vie à Marcel le jour où ils ramenèrent un des chevaux blessé. Sans l’intervention de Mme Ygouf, il était tué d’un coup de révolver par le capitaine furieux.
Souvenirs de Jean-Claude Marin. (8 ans en 44.)
Année 42- Henry, 15 ans et demi, toujours rue des Carmélites avec les siens, “volontaire pour servir dans la Défense Passive avec des camarades Scouts de France, je suis affecté à la mairie de Caen, où je retrouve André Heinz (cité plus loin), camarade de mon frère aîné.”
Henry Mengin.
Une D.C.A. est également mise en place à Plumetot. Les bombardiers Messerschmitt sont basés à Mathieu et les chasseurs Messerschmitt sur Plumetot. (Cette piste était dans le champ derrière les 28 et 30 Bout Basset et le hangar jouxtant la ferme actuelle de Jean Demonchy).
Récit de Jean Demonchy.
1944- Renforts allemands sur le mur de l’Atlantique. Des asperges de Rommel et des mines sont installées dans les champs pour empêcher les avions d’atterrir, très dangereux pour les moissons.
Récit de Jean D.
Mars 1944- Un avion anglais s’écrase dans les champs vers Hermanville. Les trois occupants (le pilote était probablement anglais et les deux autres des agents secrets français) se réfugient, la nuit, chez Mme Lechevallier avant de filer sur Caen. Cela déclencha des fouilles systématiques des Allemands, dans chaque maison, au matin, pour les trouver.
Récit de Jean.
Mme. Lechevallier cacha ces 3 personnes à l’insu des siens, forts mécontents de découvrir cela le lendemain.
Précision de Janou Bunel, petite-fille de Mme Frémond qui habitait à côté.
Même date- Un des trois hommes était blessé. Avant de s’éclipser, à l’aube, ils remirent à Mme. Lechevallier une sacoche, lui disant que quelqu’un viendrait la chercher et que le mot de passe serait: « 13 à la douzaine ». Effectivement, une femme vint la récupérer le lendemain. Le bruit courut que cette sacoche contenait les plans du débarquement. A partir de ce moment-là, chaque famille, dans Plumetot, se prépara un abri pour le jour “J”.
Récit de Georges Hamelin, notre maire, 5 ans en 44.
En réalité, cette sacoche fut confiée à une famille de Caen, rue d’Auge, mais la somme d’argent qu’elle contenait, pour la Résistance, ne fut jamais retrouvée.
Précision d’André Heinz, résistant de Caen.
Fin mai 1944- Une voiture, escortée d’un convoi, visite les installations militaires de Cresserons et de Plumetot. C’est Rommel, qui part aussitôt après pour l’anniversaire de sa femme en Allemagne,8 jours avant le jour “J” !
Livre de Cresserons.